Dosso est la première région à avoir élaboré son schéma d’aménagement foncier (SAF), explique Monsieur Oumarou Boubacar ancien vice-président du conseil régional de Dosso et présentement administrateur de la base régionale AREN de Dosso, une structure des associations pastorales.
Le SAF en tant que document stratégique a été adopté en réunion de conseil des Ministres en par décret 2018-795/PRN/MAG/EL du 15 novembre 2018 et sa mise en œuvre a été lancée peu après.
Dans ce schéma foncier, poursuit-il, toutes les ressources sont identifiées et partagées entre les differents acteurs car elles ont même fait l’objet d’un géoréférencement et leurs vocations sont précisées.
Certes, il y a des couloirs internationaux et locaux, mais certaines aires de pâturage ont non seulement connu des annexions mais aussi quelque part elles n’existent que de nom dans une situation où un nombre important d’animaux n’arrivent pas à être satisfaits par les pâturages produits, a martelé l’Administrateur de la base régionale AREN.
A titre illustratif, il a fait cas de l’aire de PK10 dans la Commune Urbaine de Gaya, où la réalisation des infrastructures étatiques n’a pas respecté les principes d’acquisition des terres rurales, mais il rassure que le dossier est pris en charge pour régler cette affaire à l’amiable.
Et si le SAF est adopté en 2018 qu’en est-il de sa mise en œuvre et combien d’année doit-il couvrir ?
Pour avoir la réponse à cette question, Nous avons contacté Monsieur Ibro DANGUI, Secrétaire Permanent Régional du Code Rural de Dosso, l’un des acteurs clés du SAF.
Celui-ci indique que le SAF couvre une période de 25 ans, donc il est toujours d’actualité.
Pour le premier quinquennat couvrant la période 2019-2023, dit-il, nous avons identifié six (6) projets prioritaires qui sont :
– Aménagement et gestion des aires de pâturage Yani et Kara pour un coût de 1.735.700.000 F ;
-Aménagement de sites pour la petite irrigation dont le coût est de 2.692.000.000 F ;
-Mobilisation des eaux de surface par l’aménagement des mares et la création des retenues d’eau pour un coût de 1.986.000.000 F ;
-Aménagement des couloirs de passage et sécurisation des exploitations limitrophes dont la mise en œuvre coûtera 558.000.000 F ;
-Aménagement et gestion des forêts et rôneraies pour un coût de 1.463.500.000 F ;
-Appui institutionnel à la mise en œuvre du SAF pour un coût de 1.440.499.000 F.
Il faut donc retenir que le coût de mise en œuvre ces six projets a été évalué à 9.865.699.000 FCFA pendant le premier quinquennat.
Cependant, dans la mise en œuvre il a été relevé un certain nombre de difficultés financières faute de la mobilisation des ressources inhérentes à chaque projet prioritaire. Néanmoins, la contribution de certains projets et programmes a permis de réaliser des activités à l’intérieur de ces projets, a soutenu le SPR du Code rural qui cite entre autres : Millenium Challenge Account (MCA)/Niger, PADDAD II (NIG/025) de la Coopération Luxembourgeoise, PACT, PASEFA, PRO ARIDES, REPO-ENABEL, PRECIS-FIDA, NSSI/USAID, IRC/ENABEL, PARIIS, PRAPS I et II.
Faut-il rappeler que la vision du SAF « Un SAF porté par un appui institutionnel et juridique fort, visant l’intensification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques, et la réduction des conflits fonciers à travers : la régulation de l’accès au foncier, des usages des terres et des ressources qu’elles portent ; la régulation du marché foncier ; la sécurisation foncière des droits locaux ; l’aménagement des bases productives rurales ».
De manière spécifique, renchérit-il, le SAF vise à sécuriser, préserver et renforcer les capacités productives des ressources naturelles rurales renouvelables dans la région de Dosso.
Selon Dangui Ibro, à la fin de la mise en œuvre du SAF, l’on doit trouver des résultats tels qu’une meilleure sécurisation des opérateurs ruraux, une réduction significative des conflits fonciers entre les usagers et la productivité des espaces agricoles, sylvicoles, pastoraux et halieutiques, est accrue
Ainsi pour attirer plus de partenaires à financer la mise en œuvre du SAF, les autorités régionales à travers le cadre de concertation des collectivités territoriales de la région de Dosso ont pris un engagement (Engagement N°1 des 44 collectivités territoriales de la région en date du 31 octobre 2019) de contribuer à hauteur de 2% de leur budget d’investissement annuel. Cela permettra de créer un fonds commun pour la mise en œuvre du SAF, a-t-il conclu.
Notons que cette décision a été saluée à sa juste valeur par l’ensemble des collectivités territoriales de la région, mais jusqu’à la fin de l’année, elle reste théorique compte tenu d’une part des difficultés financières qu’avaient connues ces Collectivités et d’autre part à l’absence d’indications précises sur les voies qu’elles doivent emprunter pour concrétiser cette démarche participative.
Selon le secrétaire général du Conseil régional de Dosso que nous avons consulté, il a été prévu en début d’année 2024 la tenue d’une réunion du cadre de concertation des collectivités territoriales afin de régler la question.
Surtout que la mise en œuvre des 6 projets prioritaires du SAF se fera avec l’implication totale de toutes les communes de la région dont les populations sont les bénéficiaires directs.
C’est pourquoi, l’accompagnement des partenaires techniques et financiers doit s’appuyer sur les efforts mutualisés des collectivités territoriales dont il faut reconnaitre tout de même leur contribution au processus.
Vivement la tenue de cette réunion du cadre de concertation des collectivités territoriales qui ne manquera pas de faire également des plaidoyers auprès de l’Etat et de ses partenaires car le chemin parcouru mérite que l’on fasse des avancées significatives dans la mise en œuvre de ce dispositif important en matière de développement rural acquis avec un énorme sacrifice.
Issa Moussa & Mahamadou Salaou