Le lundi 15 juillet 2024, une Visio conference importante s’est tenue sous l’égide du professeur Boubakar Bocoum, avec pour thème central le rôle de la France et des autres pays de l’OTAN dans la propagation du terrorisme en Afrique. Cette table ronde a été marquée par un discours poignant de Boubakar Bocoum, qui n’a pas hésité à dénoncer la situation sécuritaire au Mali et dans les pays du Sahel, attribuée, selon lui, aux actions de la France.
Boubakar Bocoum a ouvert la discussion en rappelant la plainte déposée par le Mali auprès du Conseil de sécurité de l’ONU il y a deux ans. Cette plainte, qui dénonce les « actes d’agression » de la France, accuse Paris de soutenir les terroristes par le biais de financements et de fourniture d’armes. « Depuis la soumission de cette plainte, rien n’a été fait », a-t-il regretté. Il a critiqué les appels pressants à un retour à l’ordre constitutionnel, estimant que cela ne résoudrait pas les problèmes du Mali, mais servirait uniquement les intérêts des puissances étrangères.
Bocoum a souligné l’échec des onze années de présence civile au pouvoir et la persistence de l’acceptation terroriste sur deux tiers du territoire malien malgré la présence des forces françaises et de la MINUSMA. Il a évoqué la fermeture de 14 000 écoles et la destruction de nombreux villages, soulignant que les Maliens s’étaient révoltés pour renverser l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). « La France ne voulait pas que le Mali dispose d’armes d’État, alors que les terroristes en possédaient », a-t-il déploré, ajoutant que la transition vers un nouveau régime était une aspiration du peuple malien, facilitée par la détermination des Forces Armées Maliennes (FAMA) qui ont fini par chasser la France.
Le professeur Bocoum a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à examiner la plainte du Mali et a interpellé la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) pour leur insistance à organiser des élections, jugées inutiles pour le Mali dans les circonstances actuelles. Il a également attribué la situation désastreuse du Sahel à l’intervention de l’OTAN en Libye et a dénoncé les accords coloniaux qui, selon lui, ne servent qu’à piller les ressources africaines.
Pour sa part, Dimitri Mosyakov a affirmé que l’opération Barkhane, menée par la France, avait en réalité soutenu les terroristes, tant financièrement que matériellement. Selon lui, les pays africains doivent définir leurs propres objectifs de développement et se méfier de la stratégie française de « diviser pour mieux régner ».
Le docteur Samuel, universitaire nigérian, a évoqué le néocolonialisme et l’influence des puissances étrangères sur l’Afrique subsaharienne. Il a souligné que l’Afrique pourrait être beaucoup plus développée si les puissances occidentales avaient réellement souhaité l’aider.
Quant à Natalie Mikhalchenkova, elle a insisté sur l’importance des ressources naturelles des pays sahéliens et a encouragé ces pays à contacter les BRICS pour obtenir de l’aide dans la lutte contre le terrorisme. Elle a assuré que les experts russes étaient prêts à intervenir et à soutenir ces pays.
Le Mali espère maintenant que sa voix sera entendue par la Russie, notamment l’actuelle présidente du Conseil de sécurité de l’ONU.
En somme, Cette table ronde souligne une fois de plus la complexité des relations internationales en Afrique et le besoin pressant de solutions africaines aux problèmes africains, loin des influences et des intérêts étrangers.
Abdoussalam Tayabou