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APAJF et CNJJ

Campagne ambitieuse contre le mariage et la maltraitance des enfants : Le Comité de Protection Judiciaire Juvénile et son partenaire l’ONG APAJF initient un atelier de renforcement des capacités des chefs des quartiers de la ville de Dosso

Ce samedi 24 août 2024, le Tribunal de Grande Instance de Dosso a accueilli le lancement régional d’une importante campagne de sensibilisation sur les mécanismes de signalement des enfants en danger, avec un accent particulier sur les jeunes filles victimes de mariages précoces.

Cette initiative, portée par le Comité de Protection Judiciaire Juvénile (CPJJ) et financée par l’Association pour la Protection et l’Accompagnement de la Jeune Fille (APAJF-Niger), marque un tournant dans la lutte contre les violences faites aux enfants dans la région de Dosso.

Le juge des mineurs et président du CPJJ, M. Noma Mahamadou Younoussa, a joué un rôle central dans cet événement. Dans une présentation détaillée, il a exposé aux chefs de quartier les mécanismes de signalement, les procédures à suivre, les cas à signaler ainsi que les services compétents. « Notre objectif est de créer un réseau de vigilance communautaire pour protéger nos enfants, » a déclaré M. Younoussa. « Chaque adulte doit se sentir responsable du bien-être des enfants de sa communauté. »

 

Le juge a mis l’accent sur l’importance des conventions internationales, notamment la Convention internationale des droits de l’enfant, ainsi que sur les lois nigériennes en vigueur pour la protection des enfants. « Le Niger a ratifié des traités internationaux et dispose d’un cadre juridique solide pour protéger les enfants. Notre devoir est de faire vivre ces lois au quotidien, » a-t-il souligné.

 

Concernant les procédures de signalement, M. Younoussa a détaillé les différentes options disponibles : « Pour signaler un cas d’enfant en danger, vous pouvez informer le parquet à travers le procureur, vous rendre au commissariat et vous adresser à la brigade de protection de l’enfant, ou contacter des structures comme l’APAJF-Niger et vous le faite dans l’anonymat total. L’important est d’agir rapidement et de ne pas rester silencieux face à la souffrance d’un enfant. »

 

Le coordonnateur de l’APAJF-Niger a renforcé ce message en soulignant l’importance de cette campagne dans le cadre de leur nouveau programme 2024-2026, financé par leur partenaire américain GFF. « Notre engagement ne se limite pas à la mise en place de mécanismes de signalement. Nous sommes déterminés à agir concrètement pour protéger chaque enfant en danger, » a-t-il affirmé. Il a appelé à la responsabilité des chefs de quartiers, des femmes leaders, des responsables d’écoles, de centres de santé et des leaders religieux, les exhortant à signaler tout cas d’enfant en danger ou de fille victime de mariage d’enfants au CPJJ et à l’APAJF.

 

La campagne, qui se déroulera dans toute la région de Dosso, vise à former ces acteurs communautaires clés à reconnaître les signes de danger et à réagir promptement. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre le mariage des enfants, un fléau qui continue de priver de nombreuses jeunes filles de leur enfance et de leur éducation au Niger.

  1. Younoussa a souligné l’urgence de la situation : « Trop d’enfants vivent encore dans des situations d’extrême gravité, souvent dans l’ombre et le silence. Notre responsabilité collective est de briser ce silence et d’agir pour leur protection. » Il a insisté sur le fait que le signalement n’est pas une dénonciation, mais un acte de protection et de responsabilité citoyenne.

La campagne prévoit une série d’ateliers de formation et de sensibilisation dans les différents quartiers et villages de la région de Dosso. Ces sessions aborderont non seulement les aspects juridiques de la protection de l’enfant, mais aussi les conséquences sociales et sanitaires du mariage des enfants et d’autres formes de maltraitance.

L’APAJF-Niger, en tant que partenaire financier, jouera un rôle important dans la mise en œuvre de cette campagne. « Notre engagement va au-delà du financement, » a expliqué le coordonnateur de l’ONG. « Nous serons sur le terrain, aux côtés des communautés, pour s’assurer que chaque enfant, en particulier chaque jeune fille, puisse grandir en sécurité et réaliser son plein potentiel. »

Cette initiative s’inscrit dans un contexte national où le Niger cherche à renforcer ses efforts pour protéger les droits des enfants. Le pays a fait des progrès significatifs ces dernières années, notamment en adoptant des lois plus strictes contre le mariage des enfants, mais des défis importants persistent, en particulier dans les zones rurales.

La campagne de Dosso est considérée comme un modèle potentiel pour d’autres régions du pays. Elle met en lumière l’importance d’une approche collaborative impliquant les autorités judiciaires, les forces de l’ordre, les services sociaux, les ONG et les leaders communautaires dans la protection des enfants.

Le lancement de cette campagne à Dosso marque une étape importante dans la lutte contre le mariage des enfants et d’autres formes de maltraitance au Niger. Elle reflète une prise de conscience croissante de la nécessité d’impliquer toute la communauté dans la protection des plus vulnérables.

Abdoussalam Tayabou