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A Kinshasa, Prisca Tankwey peint pour interroger sa société et favoriser les échanges

KINSHASA, RD Congo, 18 Septembre 2024 -/African Media Agency(AMA)/- Comment représenter sur une fresque murale les dangers de la désinformation ? C’est à ce défi qu’a répondu Prisca Tankwey, artiste touche-à-tout. La jeune femme est assistante chargée de cours au département de peinture de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Pendant cinq jours, assistée par ses étudiants, elle a relevé le défi. 

« C’était un moment de partage et d’échange qui a permis aux étudiants d’explorer davantage les connaissances de leur professeur et de contribuer à la diffusion de ce message de lutte contre la désinformation », note, non sans fierté, Prisca Tankwey.

La fresque représente deux personnes dont l’une, embourbée dans les tourments de la désinformation, est complètement engloutie alors que l’autre en sort, secourue par deux colombes – symbole de paix – qui lui apportent la bonne information et la tirent vers le haut et la lumière de la vérité.

L’œuvre a été réalisée en collaboration avec la Division de la communication stratégique et de l’information publique de la MONUSCO, en marge de la journée internationale de la paix, célébrée chaque 21 septembre. Dévoilée ce 17 septembre par le Secrétaire général adjoint de l’ONU, chargé des Opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, en visite à Kinshasa, la fresque est visible sur le mur de clôture de l’Académie des Beaux-Arts, avenue de la Libération.

Interroger la société

Prisca Tankwey veut interroger la société à travers son art. Depuis de nombreuses années déjà, l’artiste de 27 ans pratique la peinture, l’illustration et la photographie. « Je crée des œuvres qui interrogent la société et abordent les problématiques actuelles », déclare-t-elle.

Elle fait en sorte que chacune de ses créations reflète ces interrogations. En ce moment, c’est sur la désinformation qu’elle veut interroger ses concitoyens. Le thème à partir duquel sa création a été conçue est : « La désinformation, un fléau qui mine la paix ».

Pour la jeune artiste, utiliser l’art pour lutter contre la désinformation et promouvoir la paix est une nécessité dans une société de plus en plus fragmentée où le faux a tendance à prendre le pas sur le vrai. Mais pour elle, pas question de désespérer. Chacun doit s’engager.

« Pour combattre la désinformation, il faut partir de l’information », soutient-elle, ajoutant que les réseaux sociaux, qui jouent souvent un rôle non négligeable dans la diffusion de fausses nouvelles, peuvent également être utilisés comme canal pour les combattre.

Prisca Tankwey veut voir sa fresque rester longtemps visible sur l’une des artères les plus fréquentées de Kinshasa, afin d’atteindre le maximum de personnes. « Chaque fois que les gens verront cette œuvre, j’espère qu’ils adapteront leur comportement pour ne pas diffuser de fausses informations et promouvoir la paix », espère-t-elle.

Eduquer à l’art

Pour elle, l’art est bien plus qu’une passion. C’est un engagement. Prisca Tankwey voit dans l’art une forme d’activisme, un moyen puissant de transmettre des émotions et d’exprimer quelque fois des situations difficiles pour vivifier la résilience des personnes qui y font face.

Afin que le plus grand nombre comprenne ce message, la jeune artiste plaide pour une « éducation artistique ». A l’en croire, il est essentiel que le public apprenne à apprécier la beauté et à comprendre la valeur de l’art. 

« Tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. Il faut une certaine éducation pour que les gens commencent à apprécier le beau », souligne-t-elle, regrettant que peu de personnes mesurent l’apport de l’art dans une société. Et cet apport, Prisca en est convaincue, est considérable.

L’art peut être un lieu de rencontre, un espace où des personnes venues de cultures et d’horizons différents peuvent échanger et apprendre les uns des autres. « Quand on expose des œuvres d’art, ce n’est pas seulement un moment pour une seule personne, mais pour plusieurs. Les gens viennent de partout et c’est ainsi que l’art les réunit », explique-t-elle, martelant que l’art a la capacité de créer des liens, de transmettre des informations et d’inciter à la réflexion.

Prisca Tankwey est très attachée à l’art visuel qu’elle voudrait voir être considéré au même titre que la musique, l’expression artistique la plus reconnue en République démocratique du Congo. 

Distribué par African Media Agency pour la MONUSCO.

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