Au Niger, l’industrie musicale se développe progressivement avec la modernisation et l’innovation qu’y apportent certains artistes ayant fait le tour à l’étranger pour voir et comprendre pourquoi ça marche chez les autres.
Bien évidemment, un artiste doit se dire qu’il a un produit à offrir au public qui pourrait choisir de l’accepter ou le refuser. Car comme le pensent certains marketeurs, c’est la qualité d’un produit qui concourt à sa commercialisation et il faut connaitre sa clientèle pour adapter le produit à son gout. Dans ce reportage, nous avons discuté avec un artiste auteur compositeur interprète du Niger, Monsieur Issoufou Oumarou alias Pheno pour ses fans, pour savoir ses motivations à vouloir franchir le cap du Rap HIP HOP pour chanter de la musique dans un nouveau style afrobeat.
Il ressort de cette interview qu’il nous a accordé que Pheno a pensé à apprendre la musique dans une école pour chercher à perfectionner son talent mais aussi pour souscrire aux normes internationales.
Après un premier album composé des chansons sur lesquelles il a posé sa propre voix, il est présentement entrain de préparer le second album.
Voici l’intégralité de cette interview avec l’artiste Pheno
NIGER TIMES : Bonjour l’artiste Pheno , veuillez nous présenter votre album Génèse.
PHENO : Mon premier album intitulé Genèse est sorti en avril 2023. Il retrace un peu le parcours de l’homme dans ses moments de joies et de difficultés.
Avant de commencer cet album, il y a eu quelque chose qui m’a motivé à aller dans ce sens. Mais à côté de cette motivation se trouve un style ou du moins des idées nouvelles que j’avais et que je voulais passer à un autre artiste afin de les interpréter.
Mais, à vrai dire les gens ne comprenaient pas ma dynamique, je veux dire que les chanteurs ne comprenaient pas ma dynamique et que j’étais peut-être le seul à épouser l’idée et le message que j’ai à transmettre au public, je me suis convaincu à travailler ces idées, c’est-à-dire apprendre à chanter.
Donc à partir de ce que j’ai essayé, des gens que je ne vais pas citer, pour leur refus ou bien leur manque de compréhension par rapport aux idées que je proposais, m’ont poussé à porter moi-même mes idées. Et pour que je les porte Jusqu’à les matérialiser c’était d’accepter d’abord d’apprendre à chanter parce que vous savez que je suis rappeur à la base.
J’ai fait du rap et même dans mon groupe de rap je n’ai jamais essayé de chanter. J’ai toujours fait faire les mélodies par quelqu’un d’autre.
Mais là avec mon album vu que je n’étais pas compris, beaucoup de raisons m’ont vraiment inspiré à aller dans ce sens.
NIGER TIMES : comment avez-vous trouvé ce nouveau style et qu’avez-vous fait pour exceller là-dedans ?
PHENO : Je me suis rendu à l’évidence que culturellement et dans tant d’autres secteurs, l’on peut dire que le terrain est un peu vierge au Niger. Et aussi, il n’y avait pas l’apprentissage Véritable, comme on le dit, surtout en musique. Pour tout départ, c’est d’abord la passion qui pousse les gens à chanter et plus tard ça devient un métier.
Mais maintenant quand ça devient un métier, pourquoi les artistes ne cherchent pas à aller à l’école pour apprendre la musique ?
Donc pour moi j’ai fait une carrière dans la musique pendant que ce problème d’apprentissage persiste.
NIGER TIMES : Vous voulez dire que beaucoup d’artistes ne se forment pas en musique pour réussir dans une telle carrière ? Quel message avez-vous à lancer aux jeunes qui se lancent dans la musique ?
PHENO : Il faut donc éviter aux jeunes ou aux autres de suivre une carrière pour arriver devant un mur infranchissable où il n’y a aucun espoir.
A mon sens nous devons leur montrer que la musique s’apprend dans une école de musique si l’on veut évoluer dans ce domaine.
Il faut apprendre la musique et il faut bien la comprendre. Moi aujourd’hui, je comprends très bien la musique parce que j’ai eu à l’apprendre pas à pas.
NIGER TIMES : Après tant d’années de performance dans le rap, vous décidez d’un coup d’aller à la chanson tout en pensant à une école de musique pour vous former, cela n’a pas été facile, n’est-ce pas ?
PHENO : J’ai eu à faire une autre école après avoir fait table rase sur ma carrière de rappeur.
Je me suis dit de reprendre à zéro, malgré tout le prestige que m’a conféré ma notoriété entant que rappeur car j’avoue que j’étais heureux et fier de ce titre.
Ainsi sur la base de zéro, il me faut apprendre à chanter comme je l’ai dit tantôt et aussi il faut aller à l’école de la musique.
Et aujourd’hui, je peux dire que j’ai atteint certains de mes objectifs et que d’autres sont en cours.
NIGER TIMES : Vous avez mis sur le marché votre premier album et maintenant que comptez-vous faire ?
PHENO : Après le premier album Genèse sorti en avril 2023, je suis présentement sur un nouvel album.
Dans cet album en cours il y a des titres que j’ai créés, mais il y a aussi cette façon pour moi de rendre hommage à tous les grands chanteurs Nigériens.
NIGER TIMES : Il y a le clip de la chanson Almahaw qui montre des images des militaires Nigériens, est-ce que ce titre rend hommage aux forces armées Nigériennes ?
PHENO : Naturellement. Le titre Almahaw fait un clin d’œil à l’unité militaire de sécurité qui s’appelle Almahaw. Almahaw qui, on le sait, est une unité d’élite militaire, qui fait honneur à notre pays et devant laquelle se trouve le Général du Brigade Mohamed Toumba. C’est pour vraiment leur rendre hommage, les féliciter et les remercier pour tout ce qu’ils font pour inspirer les autres. Nous entendons rendre hommage à toutes les forces armées nigériennes que nous encourageons et particulièrement le Général de Brigade Mohamed Toumba, le leader de l’unité spéciale de sécurité Almahaw.
NIGER TIMES : depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 plusieurs couches socioprofessionnelles sortent pour soutenir les actions du CNSP, qu’en est-il des artistes ?
PHENO : Pour accompagner la transition militaire au Niger, je pense qu’à la première heure, les artistes Nigériens ont affiché leur conviction à soutenir les nouvelles autorités.
Plusieurs fois, ils ont manifesté leur adhésion et leur fidélité à tout ce qui se fait pour garantir la paix, la quiétude sociale et le développement de notre pays.
C’est dire qu’aux premières heures du CNSP, les artistes étaient les premiers Nigériens à faire des chansons pour mobiliser le peuple à comprendre et à soutenir sa vision pour un Niger nouveau.
Cette nouvelle vision pour le Niger ou cette nouvelle vision souverainiste pour le Niger les artistes n’ont pas hésité un seul instant à s’y adhérer, en témoignent les morceaux composés et les prestations auxquelles ils se sont livrés.
Bien que Macron et son état français aient refusé d’accorder le visa aux artistes Nigériens cela ne les a pas découragés.
Au contraire les artistes se sont investis dans la lutte pour la souveraineté nationale et cela a amené tout le peuple à s’investir dans cette refondation du pays, sachant que l’intérêt supérieur de la nation prime sur tout autre penchant.
Interview réalisée par
Issa Moussa